Radio-Paris et les concerts radiodiffusés
Fondée en 1922 sous le nom de Radiola (société spécialisée dans la construction de matériel radioélectrique), la première station de radio privée à émettre en France prend le nom de Radio-Paris dès 1924.
Affiche publicitaire Radiola (octobre 1929), Max Ponty (1904-1972), illustrateur et affichiste Source : Société générale de presse et d'éditions Hacchard & Cie (Paris) |
Affiche publicitaire Radiola (1923), René Vincent (1879-1936), illustrateur et affichiste |
A l’étroit dans ses locaux Boulevard Haussman, elle loue en 1927 un hôtel particulier à la duchesse de Caylus, rue François 1er dans le 8e arrondissement à Paris.
|
|
L'hôtel de Radio-Paris Source : « Radio-Paris 1930 », Paris : Compagnie Française de radiophonie |
Orchestre des concerts Radiola, salle d'émission au studio de TSF du Matin, 79, boulevard Haussmann Paris 8e arr. (1922) Source : La Nature,1934 : Soixante-deuxième année, deuxième semestre : n°2932-2943, p. 195, consultable en ligne sur le site du Cnum - Conservatoire numérique des Arts et Métiers. De gauche à droite, on distingue : Mlle Renié, harpe ; Lucienne Radisse, violoncelle ; Marcel Laporte (dit "Radiolo") ; le maître Victor Charpentier ; M. Carnot, piano ; Jane Tronche, violon ; M. Grécourt, violon ; Lucie Dragon, flûte. |
||
Cliquer ici pour écouter la présentation des premiers concerts Radiola par "Radiolo", le speaker de la station de radio. (Source : « Les Cahiers d’Histoire de la Radiodiffusion » n°6, 1984). |
Radio-Paris diffuse ses émissions hebdomadaires dès 8 heures et jusqu’à 22 heures (fin du concert radiodiffusé). La diffusion des œuvres se fait, de 1922 à 1930, majoritairement en direct de l’auditorium et des studios mais aussi à partir de musique enregistrée qui n’est pas alors toujours de bonne qualité (78 tours). Le direct alterne avec les enregistrements diffusés surtout en début d’après-midi. En 1931, la grande dépression que connaît la France contraint les programmateurs du poste Radio-Paris à privilégier et à utiliser la musique enregistrée moins onéreuse. |
Réclame pour les radio-concerts Radiola (1924) Source : L'Illustration, n° 4237, 17 mai 1924, p. 20 |
En 1933, l’état rachète le poste Radio-Paris. Le paiement par les auditeurs d’une redevance annuelle lui offre un financement stable qui lui permet la signature d’accords avec les théâtres subventionnés et avec six grandes associations symphoniques parisiennes : les concerts Colonne, les concerts du Conservatoire, les concerts Lamoureux, les concerts Pasdeloup, les concerts Poulet et l'orchestre symphonique de Paris.
Le poste national Radio-Paris avec des orchestres de musiciens professionnels, veut proposer à ses auditeurs des prestations d’un meilleur niveau artistique digne d’une grande radio nationale.
|
Cette station se distingue des autres stations privées de l’époque par un programme plus culturel plus diversifié mais aussi parfois plus austère : théâtre radiophonique, émissions lyriques, musique classique, littérature, histoire. Les musiques de variété et les musiques de danse sont rares sur Radio-Paris.
Elle compte parmi ses dirigeants des personnalités : Victor Charpentier (1867-1938 ; frère du compositeur Gustave Charpentier), directeur artistique et chef d’orchestre de la station Radiola de 1922 à 1925 , André Messager (1853-1929), directeur des programmes artistiques de 1924 à 1935 et Eugène Bigot (1888-1965) , responsable des émissions symphoniques et lyriques de 1924 à 1934.
La compagnie française de radiophonie (CFR) propriétaire de la station Radiola depuis 1922 publie un programme détaillé de ses émissions que l’on retrouve dans certains numéros de Radio-Sélection.
En décembre 1933, l’état rachète Radio-Paris pour en faire le Poste national Radio-Paris.
Le Poste national Radio-Paris cesse d’émettre en juin 1940. Le nom de Radio-Paris sera repris de juillet 1940 à août 1944 par les autorités d’occupation pour profiter du prestige de la première radio privée d’avant-guerre et semer trouble et confusion dans l’esprit des auditeurs. Le département de la propagande allemand en France y exerce un droit de censure ou de contrôle. Après une tentative avortée d’imposer des concerts de musique allemande, Pierre Hiegel (animateur de radio, critique musical et directeur artistique de maisons de disques) est recruté comme responsable de la programmation musicale. La musique française avec Debussy, Ravel, Fauré, Duparc, Roussel ou Messager est représentée. Raoul Süssdorf qui était metteur en ondes à Radio-Stuttgart est nommé responsable des variétés. Le cabaret, la musique légère, la variété et le music-hall sont omniprésents. Cette Radio-Paris de l’occupation cessera d’émettre le 17 août 1944 après avoir été au cœur de la « guerre des ondes » avec la BBC.