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La réforme de l’enseignement menée par Albert Dalimier et Gabriel Fauré au Conservatoire

 

Le début du XXe siècle marque de profonds changements dans la société française — révolution industrielle, IIIe République, laïcité des institutions — et le déclin de l’aristocratie conservatrice se fait au profit de la classe bourgeoise républicaine. Gabriel Fauré1 et Albert Dalimier2 entreprennent de grandes réformes pour professionnaliser les élèves et instaurer un cadre de scolarité supérieur.

Fauré s'efforce avant tout de rajeunir l'établissement et de professionnaliser les élèves. Il étend le répertoire, encourage la musique de chambre, impose le cours d’Histoire de la musique de Maurice Emmanuel aux élèves de composition et d’harmonie, ouvre les classes de Direction d’orchestre, de Timbales, de Contrepoint et d’Art mimique et renouvelle le corps enseignant, faisant appel, pour les jurys extérieurs à Debussy, Ravel, Dukas, Messager, et pour les disciplines instrumentales, à Maurice Vieux (alto), Maurice Maréchal (violoncelle), Paul Taffanel (flûte), Charles Tournemire, Marcel Dupré (orgue), Alfred Cortot et Marguerite Long (piano).

Au début du siècle, la classe bourgeoise, désireuse de franchir les rangs de la haute société voit le Conservatoire comme un pittoresque ascenseur social. En effet, si l’établissement a toujours accueilli à la fois les enfants de “bonnes familles” soucieuses de leur éducation artistique et ceux à la vocation indéniable, un déséquilibre croît au sein des élèves : disparité des niveaux et manque de discipline. Pendant la Première Guerre, Albert Dalimier, Sous-Secrétaire d’État aux Beaux-Arts (responsable de la propagande culturelle et de la valorisation de l’Art français) s’investit dans l’aide aux musiciens et s’applique à faire du Conservatoire une Haute École ; il souhaite maintenir les élèves dans un cadre disciplinaire strict.


1. Gabriel Fauré (1845-1924) dirige le Conservatoire de 1905 à 1920.

2. Albert Dalimier (1875-1936) : Homme politique français faisant carrière de 1905 à 1934, il est Sous-Secrétaire d’État aux Beaux-Arts pendant la Première Guerre, chargé notamment de promouvoir l’art français et d’aider les musiciens ; il a réformé le règlement du Conservatoire.

 

Ci-après, deux articles à trente ans d’écart déplorent le niveau aléatoire des élèves : la chronique musicale du Monde illustré du 31 juillet 1886 écrite par Auguste Boisard, puis celle de Roger Ducos paru dans Le Carnet de la Semaine du 20 juillet 1915 qui relate l’enquête d’Albert Dalimier pour réformer le Conservatoire.

Le Monde Illustré

Le Monde illustré du 31 juillet 1886
Sur le dessin : Mlle Cremer, lauréate du Premier prix de chant en 1886

Carnet de la semaine

Le Carnet de la Semaine du 20 juillet 1915

Six mois après la parution de l'article de Roger Ducos, la revue Théâtres et Concerts publie dans son premier numéro de janvier 1916 une interview d’Albert Dalimier où il développe les grandes lignes des réformes apportées au règlement du Conservatoire, du livret scolaire aux bourses d’études en passant par l’arrêt des nominations à vie des enseignants. Les réformes de Dalimier ont porté leurs fruits et certaines sont toujours à l’oeuvre dans l’établissement.

Le Monde Illustré

Théâtres et Concerts de janvier 1916

Carnet de la semaine

Caricature de Camille Saint-Saëns jouant pour l’Allemagne, parue dans le même numéro de Théâtres et Concerts

Janvier 1916 est une période charnière dans la Première Guerre Mondiale, puisque la fin du mois est marquée par le premier bombardement meurtrier sur Paris. En effet, si des aéronefs survolent régulièrement la capitale, la prise de Paris reste l’objectif premier de l’armée allemande, et le soir du 29 janvier 1916, alors que les Parisiens sortent regarder passer le zeppelin (pensant à une nouvelle alerte sans fondement), ce dernier largue 18 bombes sur les quartiers de Belleville et de Ménilmontant, faisant 26 morts et 38 blessés. Le retentissement dans la presse est conséquent ; de nombreuses photographies sont publiées ainsi qu’une série de cartes postales intitulée « Crimes odieux des pirates boches ».