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Arie Hochberg

Arie / Henri Hochberg (1925-1971)

 

Arie Hochberg est né le 20 novembre 1925 à Varsovie (Pologne), comme sa sœur Rojza, née en 1927. Son père, Zoska, est luthier ; sa mère se prénomme Margémy. Dans les années 1930, Arie, qui a quitté la Pologne avec sa mère et sa soeur pour s’installer en France, habite au 72 rue Claude Decaen, dans le 12e arrondissement de Paris. À cette adresse vivent de très nombreuses familles juives.

À 13 ans, Arie est admis au Conservatoire en classe de violon supérieur. Preuve de sa volonté d'intégration, il francise son prénom en Henri. Il obtient un Premier accessit de violon en 1939.
Identifié comme « Juif » par l’administration de l’école, il en est exclu le 1er octobre 1942.

Sa mère et sa soeur font partie des victimes de la rafle du Vel' d'Hiv' des 16 et 17 juillet 1942. Arrêtées à leur domicile, Margémy et Rojza sont internées au Vélodrome d'Hiver dans des conditions abominables, transférées au camp de Beaune-la-Rolande dans le Loiret, puis déportées par le convoi 15 du 5 août 1942 à destination du camp d'Auschwitz.
Elles n'en sont pas revenues.

Registre des élèves

Page extraite du registre des élèves (1936-1942)
La mention « Juif » a été ajoutée à l’issue de l’enquête de 1940
Elle est écrite en rouge sur le document original

Kapelle

Liste de prisonniers, avec la légende Kapelle (orchestre),
datée du 01/07/1944
Source : Fonds 1.1.2.1 / 533992
Archives numérisées de l'ITS, Arolsen Archives

Henri est lui aussi arrêté, le 16 juillet 1942, pour distribution de tracts et adhésion au mouvement Combat. Interné au camp de Drancy, il est déporté par le convoi 7 du 19 juillet 1942 à destination du camp d’Auschwitz.

Henri doit sa survie à ses talents de violoniste. Sur un document daté du 1er juillet 1944, il figure sur la liste des membres de l’orchestre d’Auschwitz-Birkenau. On peut y lire également les noms de Simon Laks et René Khoudy, qui ont co-écrit Musiques d'un autre monde, publié en 1948. Dans ce livre, les auteurs mentionnent un remarquable instrumentiste entré dans le camp à l'âge de quatorze ans, le jeune Henri, « violoniste d'une technique prodigieuse ».
Quoique terribles, les conditions de vie des musiciens sont plus favorables que celles des autres déportés : ils reçoivent de moins maigres rations alimentaires et sont parfois dispensés d'autres travaux dans le camp. Ils en resteront marqués par un fort sentiment de culpabilité.

En janvier 1945, Henri est transféré à Bergen-Belsen puis à Buchenwald. En effet, à l’approche des troupes soviétiques, les SS évacuent les déportés des camps de concentration vers d’autres camps. Si la plupart des déportés font le voyage à pied au cours de marches forcées extrêmement dures, les « marches de la mort », les membres de l'orchestre ont le privilège de quitter Auschwitz en wagons à bestiaux.

Henri est libéré du camp de Buchenwald par l’armée américaine et rapatrié en France le 2 mai 1945. Il n'a pas encore 20 ans.

Les archives ne nous disent pas comment se passent le retour en France et le processus de reconstruction qui commence alors. On sait que Henri vit quelques temps au 11, rue Edouard VII dans le 9e arrondissement de Paris.

En 1949, avec l'aide de l'American Jewish Joint Distribution Committee (AJDC), il émigre aux Etats-Unis : il embarque sur le Sobieski, qui quitte Cannes pour New York le 4 août 1949.
C'est le début d'une nouvelle vie.

Lettre

Lettre du Ministre des Anciens Combattants
datée du 14/01/1959
Source : Fonds 6.3.3.2 / 103124700
Archives numérisées de l'ITS, Arolsen Archives

Henri s'installe à New York et, entre 1949 et 1953, change son nom de « Hochberg » en « Aubert ». Il se marie une première fois en 1953 avec la chanteuse Kiki Gusikoff, fille du violoniste et compositeur Michel Gusikoff. Ils ont un fils, Chris, en 1957 et divorcent deux ans plus tard. Il épousera ensuite Florence Tarangul.

Henri Aubert acquiert une grande notoriété en tant que concertiste et se produit dans de nombreux pays d'Europe et d'Asie. En 1959, il est nommé à la tête du département des cordes de la West Hartford School of Music, dans le Connecticut. Il y enseigne le violon et dirige l'orchestre de musique de chambre de l'école.

Parmi les nombreux événements marquants de sa carrière, il est invité en 1962 à donner le concert d'ouverture du Festival des deux mondes à Spoleto.

Il meurt le 6 septembre 1971 à Cragsmoor, dans l'État de New York, à l'âge de 46 ans.

 

Portrait d'Henri Aubert au violon

 

Portrait d'Henri Aubert au violon

Portrait d'Henri Aubert au violon

Portraits d'Henri Aubert au violon
Source : Coll. privée Chris Aubert